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Comprendre la diversité des érotismes : corps, culture et imaginaire entrelacés

  • Photo du rédacteur: Charlotte Landry
    Charlotte Landry
  • 4 nov.
  • 4 min de lecture

La sexualité humaine est incroyablement riche et variée, s’exprimant à travers une multitude d’expériences qui dépassent largement les clichés ou les normes traditionnelles. Mais qu'est-ce qui arrive lorsque l’on sort de ces codes préétablis ?  


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Quand la société dicte les règles du désir  

On sait qu’environ 48 % de la population générale manifesterait des fantasmes dits « hors normes », allant du domaine du BDSM jusqu’à certains fétiches plus spécifiques. Ce qui amène à nous questionner…qu’est-ce que la normalité ? Et qui décide en réalité de ce qui est « normal » ?  


En 1984, l’anthropologue et militante féministe Gayle Rubin offre une interprétation : un modèle critique qu’elle intitule The charmed circle, soit le cercle vertueux. Cet outil conceptuel permet de visualiser la hiérarchie implicite des sexualités, divisée entre ce qui est acceptable ou non. Au centre de ce cercle se trouvent les pratiques sexuelles jugées légitimes et valorisées et, en périphérie, celles qui sont considérées comme marginales ou déviantes, allant de l’homosexualité au travail du sexe, en passant par la non-monogamie. Pourtant, la diversité des érotismes est une richesse.  



Gayle Rubin, Public domain, via Wikimedia Commons
Gayle Rubin, Public domain, via Wikimedia Commons

La diversité des érotismes, c’est quoi ?  

C'est l’ensemble des manières d’éprouver du désir et d’expérimenter des sensations plaisantes de manière authentique. Puisque la sexualité ne se résume pas uniquement aux rapports pénétratifs et reproductifs entre deux partenaires hétérosexuels dans un contexte romantique monogame, il est faux de penser que chaque personne éprouve de l’envie que pour cette seule forme d’érotisme ! Bien que cela représente une norme sexuelle largement représentée dans la société, la réalité est beaucoup plus vaste. Et, c’est ce qui est formidable ! Ce qui est érotisé n’est pas figé et universel ; cela varie d’une personne à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre.  

 

Revenir aux bases  

Le mot érotisme, découlant de éros (tiré du grec ancien, ἔρως (érōs), signifiant désir et amour passionnel — est lié à la pulsion de vie et s’oppose à Thanatos, la pulsion de mort. C’est donc l’ensemble des phénomènes qui éveillent l’attirance ou le désir sexuel. Quant à l'adjectif « érotique », il qualifie toutes représentations graphiques qui suscitent une excitation sexuelle, que ce soit dans les œuvres d’art, au cinéma ou dans les séries télévisées. Il ne s’agit alors pas uniquement d’images explicites d’un rapport sexuel entre des individus. Cela peut se caractériser via un objet, une odeur, un son, ainsi que les idées, les projections mentales, les émotions, les fantasmes et les scénarios provoqués intérieurement. On peut penser, par exemple, à la symbolique de la pêche dans le film Call me by your name (2017) et l’allusion sexuelle associée au fruit juteux. Ou, encore, au jeu d’ombre et de lumière crée par le vacillement des flammes et de la fumée dans un des classiques lesbiens contemporains, Portrait de la jeune fille en feu (2019).


En sexologie, l'érotisme est défini comme une expérience corporelle intense nourrit par l’imaginaire, pouvant se déployer sous forme de scénario ou non. Ne s’exprimant pas automatiquement dans les comportements et dans les pratiques, il permet d’enrichir mentalement l’excitation sexuelle et les sensations. Ce qui est érotisé dans l’imagination peut ne pas l’être au moment venu d’une relation sexuelle. Il existe une multitude de choses qui éveille le désir qui est propre à soi, chaque personne possédant sa propre palette. Au-delà de l’intimité individuelle, l’érotisme offre alors une fenêtre sur notre rapport au monde, aux autres et à la culture.  

Quelques définitions pratico-pratiques 


Désir sexuel : C’est le moteur invisible de la sexualité. C'est la tension qui se crée entre manque et plaisir. Lorsque l’on ressent une sensation d’attraction vers quelque chose ou quelqu’un, son absence nous amène à le vouloir encore plus. Du côté psychique, ce serait le fruit des pensées et des émotions. Il peut naître d’un regard, d’une odeur, d’un souvenir, d’un moment espéré.  

 

Excitation sexuelle : Renvoie à la réaction du corps au désir, soit les manifestations physiques, comme l’accélération du battement cardiaque, l’intensification de la respiration, l’affut sanguin vers les zones érogènes, les picotements et sensations de chaleur et de frisson à la fois, l’engorgement des organes génitaux, l’extrapolation des sens, etc.  

 

Fantasme : C‘est une représentation mentale consciente, souvent imagée, qui procure du plaisir et suscite l’excitation. En d’autres mots, les fantasmes sont le laboratoire intime où les désirs se façonnent et se testent, permettant à l’être humain de s’auto-érotiser mentalement. 

Buffet à volonté !  

En somme, il n’est pas question ici de créer un nouveau discours normatif sur la manière dont devrait être vécu le plaisir ni de définir ce que serait une « bonne » sexualité. Il importe plutôt de reconnaître la complexité du désir humain et la liberté individuelle d’explorer ses fantasmes et son champ des érotismes. Tant que cela se fait dans le respect, la sécurité et le consentement.  

À l’inverse, les stigmates et les jugements nuisent à l’émancipation collective dans la sexualité. Voyons cela comme une invitation à se questionner et à explorer ce qui nous plaît dans l’ouverture et la curiosité. Envisageons ensemble l’érotisme non comme une performance, mais plutôt comme un espace libre, de jeu et de découverte de soi et des autres ! 


Par Charlotte Landry, stagiaire au baccalauréat en sexologie 

Édité par Myriam Daguzan Bernier, sexologue B.A.


Sources

Crépault, C. (1981). Les comportements sexuels des Québécois. Éditions du Jour. 

Joyal, C. C., & Carpentier, J. (2017). The prevalence of paraphilic interests and behaviors in the general population: A provincial survey. The Journal of Sex Research, 54(2), 161- 171. https://doi.org/10.1080/00224499.2016.1139034  

Newmahr, S. (2014). Eroticism as embodied emotion: The erotics of Renaissance Faire. Symbolic Interaction, 37(2), 209–225. https://doi.org/10.1002/symb.87  

Petrucci, G. (2023, automne). Cours Diversité des érotismes [Cours universitaire]. Département de Sexologie, Université du Québec à Montréal.  

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