BDSM : au-delà des préjugés
- Charlotte Landry
- 10 nov.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 nov.
Le BDSM occupe une place singulière au sein de la diversité des érotismes. Pourtant, il reste à ce jour souvent incompris, voire stigmatisé. Il est fréquemment représenté comme un univers étrange ou déviant, renforçant des idées préconçues qui ne reflètent pas la nature des pratiques. Dans l’imaginaire populaire, il est souvent réduit à des clichés sensationnalistes, tandis que, dans la réalité, il s’agit avant tout d’une exploration consensuelle, entre partenaires, de sensations physiques alternatives et de relations non traditionnelles.
Aujourd’hui, le BDSM est de plus en plus visible sur les réseaux sociaux et dans les médias. Grâce à une meilleure diffusion de l’information, graduellement, une normalisation de ces pratiques et dynamiques serait envisageable. Mais, d’abord, mettons les bases pour une compréhension plus approfondie. Vous avez peut-être une idée de ce que signifie le mot kink ou déjà entendu parler de shibari ? Ce sont des termes qui renvoient à des sphères de l’univers du BDSM.
Que signifie l’acronyme BDSM ?
Le BDSM est un monde complexe ayant ses propres codes, rituels et performances, communément appelés «scènes» au sein de la communauté. Il a également son vocabulaire et son lexique désignant une panoplie de rôles, d’identités, de relations et d’accessoires, souvent inspirés du théâtre et permettant un dialogue entre les adeptes.
B – Bondage : restriction des mouvements, que ce soit par des cordes, menottes ou autres accessoires. Le bondage met l’accent sur la confiance entre partenaires. L‘un·e cède le contrôle de son corps, tandis que l’autre prend la responsabilité de veiller à sa sécurité et à son confort.
D – Discipline : jeux de rôles où chacun·e adopte une position (ex. : maître/élève) comprenant des règles à suivre. Le fait de les respecter ou de les enfreindre entraine des récompenses ou des punitions, convenues à l’avance.
D/s – Domination/soumission : C’est le cœur du BDSM. Il s’agit d’un échange de pouvoir consenti, où une personne (le ou la Dominant·e) prend temporairement ou durablement le contrôle, tandis que l’autre (le ou la soumis·e) choisit de céder ce pouvoir. Les rôles peuvent être fixes ou alternés, selon les envies et les accords des partenaires.
SM – Sadomasochisme : englobe les plaisirs liés à la douleur, à l’intensité ou à la stimulation physique. Le sadomasochisme peut prendre des formes très variées ; de sensations légères (comme une fessée avec paume ouverte et faible amplitude) aux expériences plus intenses (comme un coup de paddle en bois). La douleur, ici, n’est pas subie, mais plutôt explorée comme source de plaisir et de lâcher-prise.
On peut apprécier une de ces pratiques et dynamiques, ou plusieurs à la fois. Cela dit, il est essentiel d’entrer progressivement dans cet univers, sans précipitation, en prenant le temps de bien s’informer au préalable.
L’importance d’y aller étape par étape
Que l’on soit curieux·se ou déjà initié·e, explorer le BDSM nécessite avant tout une écoute attentive de soi et de ses partenaires. Se documenter, poser des questions, échanger avec ses partenaires et avancer à son propre rythme constituent la base d’une expérience sécuritaire et plaisante. De nombreuses ressources existent, allant des livres d’experts, aux forums en ligne, en passant par les communautés virtuelles, comme la plateforme Fetlife. La visite de clubs libertins, la participation à des soirées échangistes ou l’observation dans des donjons — où l'on peut découvrir l’univers en toute sécurité et dans le non-jugement — sont d’autres exemples. Chaque personne découvre et expérimente le BDSM de manière unique, selon ses envies et ses limites.
Les incontournables pour explorer en toute sécurité !
Avant d’explorer le BDSM, il importe de connaître et de respecter des règles fondamentales. Le consentement, la sécurité et la communication sont les piliers de toutes pratiques.
Consentement : Doit être libre, éclairé, spécifique, enthousiaste et révocable en tout temps.
Sécurité : Agir en connaissant les risques et en assurant un partage des limites mutuelles avec ses partenaires de confiance.
Communication : À maintenir avant, pendant et après toute scène.
Ces règles assurent que le jeu se passe de la meilleure façon possible pour toutes les personnes impliquées.
Aftercare : au-delà du jeu
Le temps d’échange et de soin qui suit une scène BDSM s’appelle l’aftercare. Il peut s’agir d’un câlin, d’une discussion, d’un moment de repos ou de tout autre geste de réassurance et de bienveillance. Il permet de revenir à un état émotionnel plus neutre après un moment intense et chargé sensoriellement. Cette étape est essentielle et aide à renforcer le lien de confiance entre les partenaires.
Pourquoi est-ce important de parler de BDSM ?
Le BDSM n’est ni une mode passagère ni un jeu à prendre à la légère. Il s’inscrit dans une démarche consciente d’exploration de soi et de l’autre, dans laquelle le consentement, la sécurité, la confiance et la communication occupent une place centrale. C’est un espace d’expérimentation politique et intime, où s’élaborent d’autres manières de penser le corps, le plaisir et le pouvoir.
Si vous sentez le besoin de parler à une personne outillée qui saura répondre à vos questions, n’hésitez pas à faire une demande de consultation auprès de nos sexologues !
Par Charlotte Landry, stagiaire au baccalauréat en sexologie
Édité par Myriam Daguzan Bernier, sexologue B.A.
Sources :
Caruso, J. (2024). BDSM : les règles du jeu (nouvelle éd.). VLB Éditeur.
Petrucci, G. (2023, automne). Cours Diversité des érotismes [Cours universitaire].
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